Rencontre avec Levy du cirque de Vérone

Levy, accompagné de son épouse Steffy, de ses deux petits enfants, de son frère et de sa maman, a pris son indépendance il y a 5 ans. C’est un cirque de 300 places qu’il a installé à Publier, devant le Super U d’Amphion, depuis le 12 août 2023 pour des représentations jusqu’au 3 septembre 2023. En accord avec la mairie, il devrait revenir sur le même emplacement les deux prochaines années.

Levy, son épouse et ses enfants

Nous avons rencontré Levy, le directeur de ce cirque, pour connaître ce monde itinérant qui nous est très peu connu.

1h40 de spectacle de qualité avec l’entracte. Équilibriste sur des verres, présentation des chameaux, chevaux, acrobates, trapèze aérien, clown…

« Je ne sais ni lire ni écrire »

C’est sans complexe que Levy nous explique son état d’esprit qu’il assume avec sérénité.

« Je ne suis pas allé beaucoup à l’école. J’étais plus sur le terrain qu’à l’école. Je vous dis franchement que je ne sais pas lire ni écrire.
Avant, on arrivait le matin dans la commune, on installait, on faisait son spectacle et on partait dans une autre commune. Aller à l’école, c’était compliqué à l’époque. Parfois les maîtres, sachant qu’on n’allait pas rester plus d’un ou deux jours, nous mettaient sur une table avec des cahiers et des dessins.
J’ai quand même eu mes permis du premier coup. Ça surprend beaucoup de monde. C’est d’ailleurs en passant mon permis que je me suis aperçu que j’avais besoin de lunettes. Quand on m’a testé, on m’a demandé comment j’avais pu faire pour passer mon code sans savoir lire, avec les projections sur écran à 15m. « Madame, j’ai beaucoup écouté ». La dame m’a dit que j’avais fait comme les aveugles qui compensent leur manque de vue par une concentration sur l’écoute. »

Et vos enfants, subissent-ils le même sort que vous ?

« Maintenant, ça a changé, mes enfants sont scolarisés. On reste plus longtemps au même endroit. Il n’y a qu’en saison qu’on fait plusieurs communes par semaine. Mais ce n’est pas gênant puisque c’est la période des vacances. Hors saison estivale, on reste plus d’une semaine au même endroit. Ça simplifie l’accès à l’école pour nos enfants.
Dans chaque commune où l’on se produit, on se rend à la mairie ou directement à l’école. Parfois, dans les communes réticentes, on est contraint d’appeler l’académie. La loi oblige de mettre ses enfants à l’école… »

Cirque VERONE-23
Dès le plus jeune âge, ils apprennent le monde du Cique

Ce doit être compliqué pour vos enfants de s’intégrer continuellement.

« Quand on arrive à l’école, les gens veulent savoir qui on est. On se présente, on dit qu’on travaille dans le monde du cirque. Et là, l’intérêt des autres élèves devient important. Alors on raconte, on passionne…Les contacts avec les autres enfants sont toujours très cordiaux. Ils sont curieux de savoir comment on vit, ce qu’on fait dans le cirque, si la vie du cirque n’est pas trop difficile… Parfois, il nous disent qu’ils aimeraient bien être à notre place car on découvre des paysages, on a beaucoup d’amis, on fait beaucoup de connaissances. »

Tarifs : 10€ par enfant (dès 2 ans et moins de 12 ans) et 15€ par adulte en gradin. Et en Loge c’est 15€ par personne.

« Vous nous avez fait rêver »

A l’ère du numérique, avez-vous encore votre place dans la société d’aujourd’hui ?

« A Samoëns, à la fin du spectacle, une dame est venue nous remercier : « vous nous avez fait rêver. On a retrouvé notre jeunesse avec nos parents qui nous emmenaient dans les cirques… On en a marre du virtuel ». C’est là qu’on se rend compte que les gens ont oublié la vraie vie. Ils ne savent plus que des spectacles comme on fait, existent encore avec l’odeur de la sciure, des animaux, du pop-corn… Le monde se laisse entrainer par le virtuel, écran devant les yeux et casque sur la tête. Nous, on a hérité de nos parents. On est encore de la vieille école. Nos enfants sont très peu sur les écrans. Ils viennent nous donner la main au spectacle. Mon fils de 7 ans fait le clown. On leur apprend dès le plus jeune âge à vivre le cirque. »

Levy, son épouse, ses enfants, sa maman et son frère
« On est couteau suisse »

Vous êtes 4 adultes pour gérer le matériel, les véhicules, les animaux. Comment fonctionnez-vous? Chacun sa spécialité ?

« Pas du tout, on est « couteau suisse ». Il faut savoir tout faire. On est monteur, démonteur, mécanicien, carrossier, peintre, maréchal ferrant, voire vétérinaire, conducteur… il y a 4 poids lourds, chacun le sien. En France, on a des dérogations pour les grandes longueurs. On a droit à 4 remorques en plus du poids lourd. Les voitures sont dans les remorques. »

Possibilité de réservation directement au cirque, à la caravane rouge, de 10h à 20h.
Ou sur place le jour du spectacle à partir de 17h45 à la caisse du cirque.

« On se sent enfermés alors qu’on est « H24 » dehors »

Vous avez une maison, une propriété pour vous poser un peu en période de relâche ?

« Non, on est toujours en roulotte. Pas de domicile fixe. L’hiver on se met à l’abri pour l’entretien mais on vit toujours dans nos caravanes. Il m’arrive de dormir à l’hôtel quand je dois prospecter, mais c’est compliqué pour nous. On se sent enfermés alors qu’on est « H24 » dehors. C’est notre mode de vie. »

Que préférez-vous, rester à la même place, ou vous déplacer continuellement ?

« C’est surtout le potentiel client qui commande. Rester à la même place, l’été c’est bien car la population touristique change. Hors saison, c’est à nous de nous déplacer. Rester sur place, c’est intéressant quant aux économies de carburant. Les déplacements nous coûtent de plus en plus. C’est intéressant aussi au niveau des frais d’eau et d’électricité, puisque que nous n’avons qu’un seul branchement à financer sur notre séjour; les frais de consommation eux restent les mêmes, tout comme les frais de location du terrain aux mairies. »

Cirque VERONE-25
Toute la famille à sa place dans le spectacle

Le rapport avec les mairies est-il compliqué quand vous voulez vous installer ?

« C’est très variable… En tout cas, à Publier, on a été très bien accueillis par tout le monde : Police Municipale, services techniques, le maire et son conseil, puisqu’il nous a dit qu’il donnerait son autorisation seulement après avoir consulté son conseil.
Si toutes les communes nous accueillaient comme cela, ce serait formidable. C’est même motivant pour que notre intégration dans les lieux soit profitable à tous. Le principe, c’est de laisser un terrain propre après notre départ pour qu’on puisse revenir. A Publier, on devrait signer une convention pour qu’on puisse revenir chaque année sur 3 ans. C’est aussi un moyen, pour une mairie, de sécuriser la venue des cirques sur la commune. Entre nous, spectacles itinérants, nous avons un accord tacite pour ne pas se faire concurrence sur un même lieu. »

Il supporte mieux la chaleur que nous !

« Avez-vous encore le droit d’avoir des animaux ? »

Il y a des règles à suivre pour posséder des animaux dans un cirque ?

« Les gens pensent qu’on est libres. Mais cette liberté se limite de plus en plus avec les textes qui nous contraignent à ne plus pouvoir travailler comme on le voudrait. Le gros dilemme à l’heure actuelle est porté par l’ignorance des gens.
Nous avons des animaux domestiques, des chevaux et des chameaux. Oui, les chameaux sont des animaux domestiques, tout comme les chevaux, les chiens, les chats… Des personnes nous posent régulièrement la question : vous avez encore le droit d’avoir des animaux ? Réseaux sociaux, médias et autres, bourrent tellement la tête des gens qu’ils sont dans l’amalgame complet. Les textes ne sont pas faciles à comprendre mais ils sont là et on doit s’y soumettre. »

Il serait trop long d’expliquer toutes les règles qui régissent « le droit animal ». Pour les passionnés, voici des textes de loi qui vous informeront sur le sujet :

Crédit photos : Philippe Béchet

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